Septembre 2017 : Le pouvoir des fables
Aout - Septembre 2022 : Christian Lemaire photographe
Doué d’une curiosité toujours en éveil, repérant d’instinct le beau, le pittoresque, l’insolite de détails qui échappent à la plupart, sans cesse connecté à son environnement mais d’un naturel réservé, Christian Lemaire était fait pour raconter en silence, décrire sans discourir, et se cacher derrière un objectif…. La photo et lui étaient faits l’un pour l’autre.
A peine sorti de l’adolescence, il obtient de son père un prêt pour son premier appareil, et l’autorisation d’un premier vrai reportage dans le port de Dunkerque, où stationnent les bateaux et marchandises en transit.
Derrière ces images saisissantes, il nous faut imaginer un tout jeune homme à la silhouette gracile qui se faufile tel un petit fantôme le long des quais et des ponts, escalade les échelles, gravit les escaliers, marque un temps au détour d’une coursive, concentré à ne pas gâcher de la pellicule et à déclencher au bon moment, le plus discrètement possible pour ne pas déranger le travail des dockers… peut-être est-il intimidé et excité par cette immersion dans un monde à la fois si proche et si éloigné de son quotidien...peut-être est-il également soucieux de faire oublier à ces hommes qu’ils sont observés.
Il y a là, déjà, toutes les qualités techniques et artistiques du chasseur d’ambiances, ainsi que cette affection respectueuse - et parfois amusée - pour la « vraie vie des gens », telle qu’il l’exprimera au travers de l’objectif de son Rolleiflex dans les rues de Rouen, puis de Paris, où Christian s’installe en 1957.
La marchande de ballons - Paris 1957
Intégré à l’équipe de Jacques Rouchon, il découvre en professionnel l’effervescence du Paris de la Mode des années 50 et 60. Il en signe l’une des images emblématiques les plus partagée à travers le monde, le « Mannequin sur le balcon du Plaza Athénée ».
Cette image, comme quelques autres, a été prise à l’improviste lors d’un moment de pause et de détente. Le photographe remplit avec conscience les contrats qui lui sont confiés, mais l’esprit est toujours à l’affût, et les « à-côté » s’ajoutent au travail de commande.
De 1953 à 1958, durant le temps libre, le regard frais et avisé du jeune provincial saisit avec autant de naturel que d’émotion tout un monde des rues aujourd’hui disparu… des enfants et des artistes, des clochards et des belles dames, des marchands et des passants... Christian Lemaire, tout à sa passion, ne mesure pas encore l’importance de ce témoignage, qui fera de lui un des « photographes de genre » les plus appréciés des collectionneurs d’aujourd’hui.
Les autos tamponneuses - Rouen1957
L'avaleur de grenouilles - Rouen 1957
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